My Opinions - Economie2019-06-27T08:37:09+02:00Roberto Di Cosmourn:md5:c8a43aaf386e3687a6403e215311a126DotclearRapprocher la recherche publique et l'entreprise: la piste du Chèque Formation Conseil Innovation.urn:md5:5faa2765a7c3999871f1467b18c25e092012-11-06T23:56:00+00:002015-11-15T15:06:36+00:00Roberto Di CosmoEconomieeconomieindustrierecherche<p>"Décloisonner la recherche publique et l'entreprise", pour faciliter le transfert d'expertise et l'innovation: voilà un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre, et qui continue de passionner notre classe dirigeante.
La raison est que, plus de dix ans après la loi sur l'Innovation et la Recherche, après des grandes masses d'argent public dépensés en dispositifs divers, allant du Crédit Import Recherche (CIR), aux projets collaboratifs de toutes sorte (ANR, FUI, FEDER, Programme cadre Européen, etc.), le constat reste mitigé, et on n'arrive toujours pas à faire décoller l'innovation.
Il faut peut-être porter un regard nouveau sur la question, et chercher des catalyseurs différents.</p> <h3>Les objectifs</h3>
<p>Si on cherche à décloisonner les mondes de la recherche publique et de
l'entreprise, c'est pour deux raisons: d'un côté, on veut faciliter le transfert
de l'expertise et du savoir-faire des acteurs de la recherche publique afin de
renforcer l'innovation au sein des entreprises; de l'autre côté, on vise à
permettre aux chercheurs de mieux comprendre les problèmes concrets rencontrés
par les entreprises, ce qui peut être très fructueux, comme dans le cas bien
connu de la satisfiabilité booléenne.</p>
<p>Sur ces objectifs et sur leur importance, tout le monde est d'accord,
mais il y a bien moins d'unanimité sur comment les atteindre, au vu
du nombre impressionnant d'instruments publics déployés à cette fin.</p>
<h3>Les moyens traditionnels abondent ...</h3>
<pre></pre>
<p>Dans la trousse à outils de l'État, on trouve une longue liste de mesures qui
visent à pousser les acteurs de la recherche publique et les entreprises à
travailler ensemble.</p>
<p>Pour motiver les entreprises, on a recours essentiellement à des incitations
économiques, qui sont conséquentes et peuvent prendre plusieurs formes :</p>
<ul>
<li>le <a href="http://www.dgcis.redressement-productif.gouv.fr/politique-et-enjeux/competitivite/credit-impot-recherche">Crédit Impot Recherche</a> (ou CIR), mécanisme qui offre une réduction fiscale importante si on fait de la R&D; cela incite les entreprises à recruter des jeunes doctorants, ou à passer des contrats avec des institutions de recherche attitrées (Universités, Centres de Recherche, Fondations de Coopération Scientifique, IRT, etc.)</li>
<li>les <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">thèses Cifre</a>, qui permettent de faire supporter à l'état la moitié du coût d'une thèse industrielle</li>
<li>les Laboratoires Communs, qui permettent de rendre éligible au CIR toute une activité de R&D</li>
<li>les projets collaboratifs (<a href="http://www.agence-nationale-recherche.fr/">ANR</a>, FEDER, FUI, etc.), qui permettent d'obtenir des subventions importantes si on collabore avec des institutions de recherche</li>
<li>...</li>
</ul>
<p>Pour motiver les académiques, la palette d'instruments est un peu plus variée :</p>
<ul>
<li>pour ceux qui veulent rester des chercheurs (ou enseignants-chercheurs), on trouve
<ul>
<li>la carotte de la motivation économique : en réduisant les crédits récurrents, on transfère l'essentiel des financements de la recherche sur les projets, dont plusieurs sont par leur nature des collaborations industrielles, et cela pousse les académiques à s'associer à des entreprises. On note cependant que les académiques n'ont pas d'avantage économique direct: le chercheur n'est pas (encore) rémunéré sur ses contrats de recherche, il utilise simplement cet argent pour l'activité de recherche habituelle.</li>
<li>la carotte de l'avancement de carrière : en comptabilisant le nombre de contrats industriels ou de recherche, et le nombre de brevets déposés, dans les éléments pris en compte pour les promotions, on pousse les chercheurs à accumuler les contrats.</li>
</ul></li>
</ul>
<ul>
<li>pour les (rares) chercheurs qui décident de valoriser directement leurs résultats de recherche, la loi dite "Allègre" prévoit des mécanismes très avantageux qui leur permettent de créer une entreprise, ou de porter leur concours scientifique à une entreprise crée par d'autres, et même de participer aux organes directifs (mais selon les chiffres donnés par le Ministère lors d'une <a href="http://www.savoirs.essonne.fr/sections/actualites/chercheurs-un-manuel-pour-passer-du-public-au-prive/">conférences en 2010</a>, seulement 600 chercheurs sur environ 140.000 y ont eu recours en 10 ans)</li>
</ul>
<p>L'étendue de ce véritable arsenal incitatif pour la recherche et le
développement a fait dire que la France est de loin le pays le plus favorable à
l'innovation (voir par exemple <a href="http://www.invest-in-france.org/fr/pourquoi-la-france/fiscalite-le-cir-le-plus-attractif-d-europe.html">la présentation de l'Agence Française pour les Investissements Internationaux</a>).
Pourtant, au vu des résultats très mitigés dans ce domaine (autant réels que
<a href="http://www.genewscenter.com/content/detailEmail.aspx?NewsAreaID=2&ReleaseID=13864">perçus</a>),
il doit bien y avoir quelques problèmes qui restent entiers. Cette situation a
fait l'objet d'une longue série d'étude, dont on mentionnera ici le <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-off/i4214.asp">rapport Birraux - Le Déaut</a> et
<a href="http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000067/index.shtml">le rapport de l'Academie des Sciences</a>.</p>
<h3>... et pourtant, il manque encore quelque chose!</h3>
<p>On a répété "ad nauseam" qu'il faut rapprocher le monde de la recherche et celui
de l'entreprise. Mais tous les mécanismes que je connais introduits à ces fins
(dont ceux cités plus haut) nécessitent un effort de préparation important de la
part des acteurs, compensé en partie par des financements publics significatifs.</p>
<p>On peut même dire que la multitude de mécanismes mettant l'accent sur cette
recherche partenariale a fini par assécher le financement de base de la
recherche, et cela n'est pas une bonne chose: on ne peut exclure que certains
projets soient montés non pas en raison de l'intérêt scientifique et
technologique de la collaboration, mais simplement pour obtenir des
financements.</p>
<p>Et pourtant, il y a une partie essentielle de la chaîne de l'innovation qui est
complètement absente de tous ces dispositifs: le conseil, expertise ou formation ponctuelle fait par des
chercheurs en direction de l'industrie. La raison de son importance est que
c'est le moyen le plus efficace pour établir un premier contact entre des
entreprises et des chercheurs qui ne se connaissent pas: s'il est satisfaisant,
il pourra aboutir à construire la relation de confiance indispensable pour
ouvrir la porte à des collaborations futures de plus grande envergure, qui
pourront se faire par les canaux habituels.</p>
<p>Si une entreprise trouve un intérêt dans un travail de recherche, ou dans les
compétences d'un chercheur, elle devrait pouvoir commencer par lui demander du
conseil. Dans certains cas, l'entreprise est tout à fait prête à payer même très
cher, et sans aucune aide publique, pour la contribution dont elle a vraiment besoin.</p>
<p>Mais il y a un gros problème: même si un fonctionnaire peut bien <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000023469584&cidTexte=LEGITEXT000006056079&dateTexte=20121111">être autorisé à faire du conseil, de l'expertise ou de la formation</a>, comme détaillé par ailleurs dans un <a href="http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Ressources_humaines/11/0/vade-mecum_-mesr-janvier2012_204110.pdf">excellent guide publié par le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche</a>, en pratique le dispositif existant a bien des trous dans la raquette, et ne lui fournit pas aujourd'hui les moyens de le faire convenablement!</p>
<p>En effet, les options disponibles pour un chercheur qui souhaite collaborer avec une entreprise en dehors des projets de recherche collaboratifs sont
très limitées et tout à fait inadaptées aux collaborations ponctuelles :</p>
<ul>
<li>soit il s'embarque dans une activité de transfert lourde, et il a recours à la loi Allègre ou à un contrat avec son laboratoire;</li>
<li>soit il fait du conseil, de l'expertise ou de la formation très réguliers, et dans ce cas il peut prendre le risque de se lancer dans l'auto-entrepreneuriat, avec ses tracasseries et pièges (obligation de déclaration même en cas de chiffre d'affaire nul, payement de la cotisation foncière des entreprises au bout de 3 ans...);</li>
<li>soit il décline poliment l'offre de l'entreprise, en lui expliquant qu'il est hors de question qu'il s'inscrive à l'Urssaf et qu'il compulse le code du travail pendant des longues nuits juste pour toucher 1000 euros bruts dont il ne sait pas s'il va lui rester quelque chose une fois tous les impôts et charges afférentes déduites, avec en plus le risque (pour le chercheur et pour l'entreprise) de voir cette activité requalifiée en travail salarié déguisé quelque temps plus tard.</li>
</ul>
<h4>Un Chèque Formation Conseil Innovation</h4>
<p>Comme cela a été observé à plusieurs reprises, il faut qu'un chercheur puisse être rémunéré "simplement" par une entreprise pour une activité individuelle.</p>
<p>Le mot clé ici est vraiment "simplicité" : on ne doit pas demander à un
chercheur de se transformer en entrepreneur chaque fois que l'occasion se
présente d'interagir avec l'industrie, ni de passer plus de temps dans des
tracasseries administrativo-impositives que dans l'activité de conseil, ni de
vivre dans l'incertitude quant au regard que le fisc ou la sécurité sociale
portera sur son activité. L'idéal serait d'avoir un statut propre des chercheurs
et enseignants-chercheurs leur permettant d'exercer cette activité occasionellement,
sans aucune formalité.</p>
<p>Une réponse simple au besoin serait la création d'un Chèque Formation Conseil Innovation avec lequel
une entreprise puisse payer l'intervention ponctuelle d'un chercheur ou enseignant-chercheur,
pour formation, expertise ou conseil, sans aucune autre démarche à faire.</p>
<p>Ce nouvel instrument doit permettre à l'entreprise de connaître le coût total de
la prestation toutes charges comprises, sans aucun risque fiscal ou juridique,
et au chercheur de savoir exactement quel montant il va percevoir, net de
tout autre charge ou impôt, sans besoin de créer d'entreprise ou se lancer
dans une profession libérale, et sans aucune autre demarche administrative.</p>
<p>Cet instrument aurait le grand mérite de permettre aux chercheurs qui souhaitent
rester chercheurs, mais interagir avec l'industrie de le faire simplement; et
aux entreprises qui cherchent à se nourrir d'idées nouvelles, d'y avoir accès
simplement et rapidement.</p>
<p>Cette idée circule depuis longtemps, et le premier à ma connaissance à l'avoir
énoncée est <a href="http://www.inria.fr/institut/organisation/equipe-de-direction/gerard-giraudon">Gérard Giraudon</a>, mais elle n'a pas encore été adoptée,
soit parce-que on considère le statut d'auto-entrepreneur suffisant (ce qui n'est pas le cas, comme on a vu plus haut), soit par peur de voir émerger des dérives.</p>
<p>Mais il est très facile de se prémunir contre tous les abus: il suffit d'assortir ce Cheque Formation Conseil
Innovation d'une imposition tout à fait confiscatoire. Par exemple, pour
500 euros touchés par le chercheur, l'entreprise pourraît en payer 1000: cela ferait 100% de
charges et impôts, en rendant ce Chèque intéressant seulement pour une véritable
activité de conseil ponctuel. Si l'apport du chercheur n'est pas de qualité,
l'entreprise n'aura pas d'intérêt à y recourir, et si la collaboration
s'installe dans la durée, l'entreprise et le chercheur se tourneront vers des
mécanismes dont la fiscalité sur le moyen terme est plus favorable.</p>
<p>Si vraiment l'innovation est essentielle pour notre pays, le moment est venu de
la libérer vraiment, en commençant là où on en a le plus besoin : en facilitant
le contact entre un chercheur isolé et une entreprise, qui ne se connaissent pas
forcément, afin que la confiance s'établisse. Rendre possible le conseil
ponctuel, en le liberant de l'empilement de procédures fiscales, administratives
et sociales dont on est déjà tous suffisamment encombrés, est un moyen simple
pour y arriver.</p>
<p>Et à différence de tous les autres instruments incitatifs existants, cela ne coutera pas un centime au contribuable.</p>Combo-economics at work in Argentina, or how to get a cheap Big Mac thanks to The Economisturn:md5:782d1aa52ff61f43576bed4c3ca125202011-12-31T14:37:00+00:002015-11-15T15:03:43+00:00Roberto Di CosmoEconomieeconomiepolitiquesociete<p>Traveling in Argentina, I happened to stop by a MacDonalds. That might seem a silly thing to do in a country where you can have a fantastic piece of prime grilled beef for the price of a typical, lousy Mac combo, but I was just looking for a quick coffee on the route. It turned out that the highly overpriced cup of coffee was lousy too, but the day was not completely lost: I just found out another mind boggling example of the creativity of the people in this country.
Bear with me for this short journey from a MacDonalds to finance mangling...</p> <p>Waiting in the queue, I had a look at the prices of the different combos offered at this MacDonalds,
and here is a picture that I took over the counter</p>
<p><img src="http://www.dicosmo.org/MyOpinions/images/BigMac-NotThere.jpg" alt="No Big Mac in the menu" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h5>Surpise, surprise ...</h5>
<p>There were a couple of surprises, that you can check with me</p>
<ul>
<li>on one side, at an average of 40 pesos (that makes over 9 US dollars, and over 7 Euros!!!) the burger appears incredibly expensive, for a country where, until a few years ago, there was <a href="http://www.indexmundi.com/agriculture/?country=ar&commodity=cattle&graph=production" hreflang="en">a cow for every two human beings</a>;</li>
</ul>
<ul>
<li>on the other side, I was quite puzzled when I noticed that THE MacDonalds product, yes, the <a href="http://es.wikipedia.org/wiki/Big_Mac" hreflang="en">(in)famous Big Mac</a>, was actually missing from the menu!</li>
</ul>
<h5>... the missing Big Mac is a ... Big Deal!</h5>
<p><a href="http://www.facebook.com/marcespak" hreflang="es">Marcelo Spak</a>, who was traveling with me, explained to me that it was very well possible to ask for a Big Mac, and actually, that was a terrific deal, at 21 pesos for the full menu.</p>
<p>Incredulous, I went back to the counter and ordered a Big Mac menu... here it is in the picture!</p>
<p><img src="http://www.dicosmo.org/MyOpinions/images/CheapBigMac2.jpg" alt="Cheap Big Mac" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>The price is actually 21.90 pesos... to make sure you agree with me, here is a close up of the ticket (and yes, I also got a free sundae, thanks to a "La Nacion" card from a friend).</p>
<p><img src="http://www.dicosmo.org/MyOpinions/images/TicketCheapBigMac.jpg" alt="Ticket of the Cheap Big Mac" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<h5>Combo-economics at work...</h5>
<p>What is going on here? How can a much smaller combo be advertised at twice the price of the Big Mac, which is not advertised at all?
Is it another instance of the old strategy used in Argentina to charge more the casual tourist, while all the locals get the
cheap deal?</p>
<p>Well, not really... it seems that the real answer can be found looking at the <a href="http://www.economist.com/blogs/dailychart/2011/07/big-mac-index" hreflang="en">Big Mac Index</a> introduced by <a href="http://www.economist.com/node/159859?story_id=E1_TVJRVJ" hreflang="en">The Economist something like 15 years ago</a>.</p>
<p>Quoting The Economist itself:</p>
<p><q>The Big Mac index is based upon the theory of purchasing-power parity (PPP), the notion that a dollar should buy the same amount in all countries...</q>
<q>Our “basket” is a McDonald’s Big Mac, produced in 110 countries. The Big Mac PPP is the exchange rate that would leave hamburgers costing the same in America as abroad. Comparing actual rates with PPPs signals whether a currency is under-or overvalued. </q></p>
<h5>Tweaking combo-economics</h5>
<p>Nice! By comparing the price of a very common good, the Big Mac, The Economist suggested that one can compare actual consumer purchasing power... and you might even predict the future exchange rate between currencies using it. This idea (that I would not be surprised if it started out as a joke) got so popular that you even find <a href="http://www.amazon.com/Big-Mac-Index-Applications-Purchasing/dp/1403903107" hreflang="en">expensive books published on this idea</a>.</p>
<p>Well, but here is the trick: when a prestigious journal publishes indexes that suggest currency exchange rate adjustment based on such a minimal evidence as the price of a single good (no matter how popular), it is quite natural that governments get tempted to fix the price of this single good as they see fit.
And the Argentinian government has already the power of fixing prices of essential goods (some beef cuts have had 'government prices' in the supermarket ever since the 2001 crisis).</p>
<p>By fixing the price of the combo to something around 20 pesos, the Argentinian government managed to make the Argentinian peso look not that much over-evaluated w.r.t. the dollar (just 14% last July) :</p>
<p><img src="http://www.dicosmo.org/MyOpinions/images/big-mac-2011-07.jpg" alt="BigMac Index July 2011" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>While, of course, at 40 pesos, which is its market price, the Big Mac index would go through the roof, and with it, the exchange rate, and the cost of the interest on the government bonds, and the estimate of the rate of inflation, etc. etc.</p>
<h5>Stocktaking</h5>
<p>Bearing with me up to this point, you have got two interesting pieces of information:</p>
<pre></pre>
<ul>
<li>if you travel to Argentina on a budget, then asking for a Big Mac combo might save you a few bucks (but I strongly advise you to spend a few more and get a delicious "bife de chorizo" instead)</li>
</ul>
<ul>
<li>if you wonder how broken may be the view of the global economy that financial analysts have, you have got here another juicy data point.</li>
</ul>
<p>As I love to say with some friends, human beings are not particles of a gas, and it may be quite risky to apply to them "laws of economics" as a physicist applies "laws of physics" to a gas... especially when the human beings under consideration are from Argentina :-)</p>Open Source Governance event in Rome next week.urn:md5:59a8ce2718fd88d0fb684fd630eb88782008-10-23T21:58:03+00:002008-12-07T21:28:46+00:00Roberto Di CosmoEconomie <p>I will join a <a href="http://www.pubblitesi.it/media/inforav/rubriche/open_source_governance_28_10_08/invito_incontro_28_10_08.pdf">panel about Open Source strategic issues in Rome</a> on october 28th, aiming at bringing back to my home country some significant experiences and lessons learned in many years of Free Software and Open Source Software (FOSS) activity in France.</p>
<p>I do believe that Italy has an economic structure that could really benefit from a vigorous adoption of FOSS, as it is in this very moment happening in other countries that are not so far, like France and Spain.</p>
<p>Yet, the public sector has an essential role to play in converting this high potential into a concrete reality, and I will be happy to learn whether things are finally changing back home.</p>Visite an Amérique Latineurn:md5:23dfea21c4a444595ea3387b4d486e0b2008-05-12T17:28:45+00:002008-05-12T22:01:38+00:00Roberto Di CosmoEconomie<p>Dans le cadre du projet européen <a href="http://www.mancoosi.org">Mancoosi</a>, j'ai l'occasion de collaborer avec une entreprise d'Amérique Latine; je viens de rentrer d'un voyage ou j'ai eu occasion de prendre à nouveau la temperature de l'économie de l'Argentine, un pays qui est assez unique pour qui s'intéresse à l'économie (de marché ou pas), ainsi qu'à la stratégie de certaines multinationales vis à vis des pays émergents.</p>
<p>J'ai aussi eu l'occasion de donner une courte interview au journal <a href="http://www.criticadigital.com/tapaedicion/diario_web_70.pdf">Crítica</a> (dans la <a href="http://criticadigital.com/impresa/index.php?secc=nota&nid=4236">transcription</a> il y a qques petits erreurs, notamment les 730Me de CA mentionnes pour le Logiciel Libre sont pour la France, pas pour toute l'Europe, mais le fond reste bon).</p>
<p>Juste deux petites observations</p> <h3>Microsoft, bienfaiteur... toujours</h3>
<p>On apprend dans le journal Clarin (qui est au passage le groupe qui contrôle l'essentiel de la télévision par cable du pays), que le gouverneur de la province de Buenos Aires <a href="http://www.clarin.com/diario/2008/04/04/um/m-01643748.htm">Daniel Scioli s'est reuni avec Bill Gates et le président de la Banque Interamericaien du Dévéloppement (BID), Luis Alberto Moreno, à Miami, le 4 avril 2008</a>. Du peu que j'ai pu extraire dans certains couloirs là bas, il s'agirait pour la province de Buenos Aires de demander (encore!) un prêt de quelques centaines de millions de dollars au BID pour réduire la <em>fracture numérique</em> dans les écoles de la province.
Bill Gates et/ou Microsoft pourraient offrir les licences de base pour les PC de 9000 écoles, ce qui lui permettra de continuer à faire croire qu'il fait de l'humanitaire alors qu'il s'assure que les générations futures seront formées à ses logiciels seulement.</p>
<p>Rien de neuf sous le soleil, me direz vous... (et je devrais en savoir quelque chose, vu que je dénonçais déjà ce genre de cadeau empoisonné <a href="http://www.dicosmo.org/HoldUp/">il y a dix ans</a>).</p>
<p>Sauf que aujourd'hui pour les usages dans les écoles, pour reduire la fracture digitale, l'usage du logiciel libre est énormement plus facile que il y a dix ans, et en Argentine il y a pas mal de compétence en logiciel libre (d'ailleurs, l'entreprise qui travaille sur <a href="http://www.mancoosi.org">Mancoosi</a> avec nous fait des très
belles choses pour l'éducation).</p>
<p>Ici on est à dans la tragicomédie (en réalité, plus tragédie que comédie)... si on reflechit un peu à la reunion à trois racontée par le journal, on trouve la personne qui décide d'ignorer les ressources en logiciel libre et éducation de son propre pays en endettant ses concitoyens à hauteur de centaines de millions de dollars (le gouverneur), la personne qui accorde le crédit (le président du BID), et celle qui s'assure que
l'argent soit depensé dans son intérêt (je vous laisse déviner). C'est un peu gros, même pour l'Amérique Latine.</p>
<p>Et disons que je m'arrête là, les anectotes croustillantes sur la normalisation d'OOXML et le barrage à ODF restant pour un autre moment.</p>
<h3>A la recherche d'une politique industrielle</h3>
<p>L'Argentine a eu en 2001 une grande malchance et une grande chance.</p>
<p>Après 10 ans de parité pesos/dollar, inscrite dans la loi et maintenue sous perfusion en bradant les actifs
du pays, la réalité a pris le dessus sur l'illusion, en ramenant le taux d'échange à environ 3 pesos pour 1 dollar; les banques ont
bloqué l'ensemble des avoirs de leurs clients (l'infame "corralito") pendant une longue période, et ils ne les ont rendu qu'après la dévaluation.</p>
<p>Imaginez si on s'amusait à vous faire le coup en France: vous avez 30.000 euros en épargne, on vous bloque tout, et on vous rend l'équivalent
de 10.000 euros quelques semaines après; et si vous aviez emprunté 300.000 euros <em>d'avant</em>, et que votre dette est tripliquée?
Je crois innécessaire m'éterniser sur l'énorme prix social payé par ce pays à cette occasion.</p>
<p>Mais c'était aussi sa chance: avec une dévaluation si massive, tout au coup le pays est redevenu competitif, l'import déraisonnable de tout et n'importe-quoi s'est arreté, le peu d'industrie qui avait survecu a pris quelques couleurs et l'export est reparti de plus belle: l'agriculture d'abord (viande, blé, soja <triste histoire, on y reviendra>), mais aussi logiciels et services montrent une balance positive.</p>
<p>J'ai pu rencontrer maints jeunes hackeurs qui sont heureux de gagner un beau salaire (pour la bas, bien évidemment; ici cela ferait plutot pleurer) en
"travaillant pour l'extérieur"; c'est à dire, en servant de sous-traitants à faible valeur ajoutée pour des entreprises du logiciel étrangères. Certains peuvent
même envisager de s'acheter une voiture.</p>
<p>Cependant, l'inflation bien réelle va faire disparaître rapidement la compétitivité de ce pays: une fois les couts locaux montés plus haut que ceux
d'autres pays émergents, tout se jouera sur la structure industrielle à haute valeur ajoutée qu'ils auront réussi à construire.</p>
<p>Pour cela, le recours au logiciel libre est un atout unique: au moment ou l'ensemble de la planète est en train de vivre une véritable révolution industrielle du logiciel, l'Argentine ferait bien mieux d'investir pour construire une entreprise nationale du logiciel (libre), que d'emprunter pour former les jeunes générations à utiliser du logiciel propriétaire, ou que de se rejouir de voir ses quelques talents informatiques pressés comme des citrons... le jus part ailleur, la peu sera jétée dans la poubelle sociale très bientôt.</p>